La fosse

Il m’est impossible de vous décrire les sentiments que j’éprouvais, seul dans ce bois silencieux et noir comme un four aux petites heures de la nuit. J’étais écrasé par le sentiment de ma propre solitude. Le silence de mort n’était brisé que par mes propres bruits. J’essayai de demeurer immobile aussi longtemps que possible afin de parvenir, peut-être, à entendre quelque chose. Je tendis l’oreille pendant un long moment sans succès. J’essayai de nouveau en retenant ma respiration. J’avais la sensation absurde que le bois tout entier écoutait avec moi. Les arbres, les taillis, les petits animaux tapis dans les broussailles, les oiseaux juchés sur les branches : tous écoutaient. Le silence, lui-même, écoutait.

 

 

J’allumai ma torche. Un faisceau de lumière éclatante jaillit devant moi, tel un long bras blanc. C’était beaucoup mieux comme ça. Maintenant au moins je voyais où j’allais.

Les gardes aussi devaient le voir. Mais je ne me souciais guère des gardes. La seule personne qui m’importait était mon père. Je voulais le retrouver.

Ma torche allumée, je m’enfonçai plus avant dans le bois.

« Papa ! hurlai-je. Papa ! C’est Danny ! Es-tu là ? »

J’ignorais dans quelle direction je me déplaçais. Je me contentais de marcher droit devant moi et de lancer de temps à autre un appel. À chaque appel, je m’arrêtais et tendais l’oreille. Mais aucune réponse ne me parvenait.

Au bout d’un moment, ma voix se mit à chevroter. Je me mis à débiter des imbécillités, du genre : « Oh ! papa, je t’en prie, dis-moi où tu es ! S’il te plaît, réponds-moi ! S’il te plaît, oh ! s’il te plaît… » Je compris que si je ne me secouais pas un peu, je finirais par renoncer, en proie au désespoir, et m’étendrais sous les arbres.

« Papa, es-tu là ? Es-tu là ? criai-je. C’est Danny ! »

Je demeurai figé, les oreilles grandes ouvertes. Dans le silence qui suivit, j’entendis, ou crus entendre, le son faible, très faible, d’une voix humaine.

Je restai cloué sur place, l’oreille tendue.

Oui, je l’entendais de nouveau.

Je partis en courant dans la direction de la voix.

« Papa ! m’écriai-je. C’est Danny, où es-tu ? »

Je m’arrêtai une nouvelle fois et écoutai.

Cette fois-ci la réponse me parvint assez nettement pour que j’en saisisse les mots :

« Je suis ici ! criait la voix. Par ici ! »

C’était lui.

J’étais si heureux que mes jambes se mirent à flageoler.

« Où es-tu, Danny ? cria mon père.

— Je suis ici, papa. J’arrive. »

En m’éclairant avec ma torche, je courus en direction de la voix. Les arbres dans cette partie du bois étaient plus grands et plus espacés. Le sol était recouvert d’un tapis de feuilles mortes de l’année précédente qui amortissait ma foulée. Je n’appelais plus, je courais droit devant moi.

Et puis soudain, sa voix surgit devant moi :

« Stop, Danny, stop ! » cria-t-il.

Je m’arrêtai net. Je balayai le sol du faisceau de ma lampe sans parvenir à découvrir mon père.

« Où es-tu, papa ?

— Je suis dans une fosse. Avance doucement. Surtout prends bien garde de ne pas y tomber. »

J’avançai en rampant. Puis je vis la fosse. Je m’approchai du bord et dirigeai ma torche vers le fond du gouffre. Mon père s’y trouvait, assis sur le sol. Il leva les yeux et dit :

« Eh ! mon trésor, merci d’être venu.

— Tu es blessé, papa ?

— Je crois que je me suis brisé la cheville dans la chute », dit-il.

La fosse, de forme carrée, avait environ un mètre quatre-vingts de côté. Mais le plus impressionnant, c’était sa profondeur, qui excédait les trois mètres cinquante. Ses parois avaient été creusées à la verticale, probablement par une pelle mécanique, si bien qu’il était impossible d’en sortir sans aide.

« Tu souffres ?

— Oui, beaucoup, répondit-il. Mais c’est sans importance. Ce qui compte, c’est que j’en sorte avant l’aube. Les gardes savent que je suis ici et dès qu’il fera jour, ils reviendront me chercher.

— Est-ce qu’ils ont creusé cette fosse exprès pour que les gens y tombent ? demandai-je.

— Oui », répondit-il.

Je dirigeai ma lampe vers les bords de la fosse et éclairai les branchages et les feuilles mortes dont les gardes s’étaient servis pour la dissimuler. Mon père avait marché dessus et tout s’était effondré sous lui. C’était le genre de piège que les chasseurs utilisaient en Afrique pour capturer les animaux sauvages.

« Les gardes savent-ils qui tu es ? demandai-je.

 

 

— Non, répondit-il. Il y en a deux qui sont venus. Ils ont braqué une torche sur moi, mais j’ai caché mon visage au creux de mon bras et ils ne m’ont pas reconnu. Je les ai entendus avancer plusieurs noms, mais ils n’ont pas prononcé le mien. L’un d’eux m’a crié : « On verra bien demain matin qui tu es, mon gaillard. Et devine un peu qui viendra nous aider à te sortir de là ? » Je n’ai rien dit pour ne pas qu’ils entendent ma voix. Alors l’autre garde a dit : « Eh bien, on va te dire qui c’est qui va venir. C’est M. Victor Hazell en personne, qui va nous accompagner pour te souhaiter le bonjour. » Et il a ajouté : « Mon vieux, j’en ai froid dans le dos quand je pense à ce qu’il te fera quand il te mettra la main dessus ! « Ils ont éclaté de rire tous les deux et puis ils sont partis. Ouille ! Ma pauvre cheville !

— Les gardes sont partis, papa ?

— Oui, dit-il. Ils sont partis pour la nuit. »

J’étais agenouillé au bord de la fosse et je brûlais d’envie de sauter dedans pour aller le réconforter, ce qui aurait été une véritable folie.

« Quelle heure est-il ? demanda-t-il. Dirige ta torche vers moi, que je puisse voir. »

Je le fis.

« Il est trois heures moins dix, dit-il. Il faut que je sorte d’ici avant le lever du soleil.

— Papa, dis-je.

— Oui ?

— J’ai amené la voiture. Je suis venu avec l’Austin Baby.

— Qu’est-ce que tu as fait ? s’écria-t-il.

— Je voulais arriver plus vite, alors je l’ai sortie de l’atelier et je l’ai conduite jusqu’ici. »

Il demeura assis, les yeux rivés sur moi. J’évitais de pointer ma torche sur lui pour ne pas l’éblouir.

« C’est vrai que tu as conduit l’Austin Baby jusqu’ici ?

— Oui.

— Tu es fou, fit-il. Tu es fou à lier.

— Ça n’a pas été très difficile, dis-je.

— Tu aurais pu te tuer, dit-il. Tu aurais été réduit en bouillie, si tu avais eu un accident dans cette petite voiture.

— Tout a bien marché, papa.

— Où l’as-tu laissée ?

— Sur le chemin défoncé qui longe le bois. »

Son visage crispé par la douleur était blanc comme un linge.

« Ça va ? demandai-je.

— Oui, dit-il. Ça va. »

Il n’arrêtait pas de frissonner bien que la nuit fût plutôt chaude.

« Si nous réussissons à te sortir de là, je suis sûr que je pourrais t’aider à aller jusqu’à la voiture, dis-je. Tu pourrais t’appuyer sur moi et avancer en sautillant sur une jambe.

— Jamais je ne pourrai quitter ce trou sans une échelle, dit-il.

— Et une corde, ça irait ? demandai-je.

— Une corde ! s’exclama-t-il. Oui, bien sûr ! Une corde ça suffirait. Il y en a une dans l’Austin. Elle est sous la banquette arrière. M. Pratchett en emporte toujours une pour se faire remorquer au cas où il tomberait en panne.

— Je vais la chercher, dis-je. Je reviens tout de suite, papa. »

Je l’abandonnai et, m’éclairant avec la torche, je refis en sens inverse le chemin que j’avais pris en venant. Je retrouvai la voiture, soulevai la banquette arrière et pris la corde, qui était emmêlée avec le cric et la manivelle. La corde jetée sur l’épaule, je franchis une nouvelle fois la haie et partis en courant dans le bois.

« Où es-tu, papa ? appelai-je.

— Par ici », répondit-il.

Guidé par sa voix, je n’eus aucun mal à le retrouver.

« J’ai la corde, dis-je.

— Très bien. Maintenant, attache l’une de ses extrémités à l’arbre le plus proche. »

Toujours à la lumière de ma torche, je nouai la corde comme il me l’avait indiqué. J’envoyai l’autre bout à mon père dans la fosse. Il l’agrippa et se redressa en tirant avec les deux bras. Il se tenait sur la jambe droite.

Il pliait la gauche pour que sa cheville ne touche pas le sol.

« Ouille ! s’exclama-t-il. Ça fait mal.

— Ça va aller, papa ?

— Il faudra bien, dit-il. Est-ce que la corde est bien attachée ?

— Oui. »

J’étais allongé sur le ventre et laissais pendre mes bras à l’intérieur de la fosse. Je voulais être prêt à aider mon père en le tirant dès qu’il arriverait à ma portée. J’éclairais en permanence chacun de ses gestes.

« Il va falloir que je grimpe à la force des bras, dit-il.

— Tu y arriveras », lui dis-je.

Je vis ses phalanges se crisper lorsqu’il empoigna la corde. Puis il commença à s’élever, une main après l’autre, et dès qu’il fut à portée de mes mains je saisis l’un de ses bras et tirai de toutes mes forces. Il franchit le bord de la fosse en glissant sur la poitrine et sur le ventre. Il tirait sur la corde et moi sur son bras. Il demeura allongé sur le sol en haletant bruyamment.

« Tu as réussi ! dis-je.

— Laisse-moi me reposer un instant. »

J’attendis, agenouillé à ses côtés.

« C’est bon, dit-il. Passons à la seconde étape. Aide-moi, Danny. C’est toi qui vas faire le plus gros du travail à partir de maintenant. »

Je l’aidai à trouver son équilibre tandis qu’il se dressait sur sa jambe valide.

« De quel côté préfères-tu que je me mette ? demandai-je.

— Du côté droit, autrement, tu cogneras sans arrêt contre ma mauvaise cheville. »

Je me plaçai sur sa droite et il posa ses deux mains sur mes épaules.

« Vas-y, papa, dis-je. Tu peux t’appuyer plus fort sur moi.

— Dirige la torche devant nous pour que nous puissions voir où nous allons », dit-il.

Ce que je fis.

Il fit deux petits bonds en avant sur son pied droit pour éprouver la technique.

« Ça ira ? lui demandai-je.

— Oui, répondit-il. Allons-y. »

Le pied gauche au ras du sol, il commença à avancer en sautillant sur une jambe et en s’appuyant sur moi à deux mains. Serré contre lui, j’avançais à petits pas en tâchant d’aller à l’allure qui lui convenait le mieux.

« Préviens-moi quand tu voudras te reposer.

— Maintenant », dit-il.

Nous nous arrêtâmes.

« J’ai besoin de m’asseoir », dit-il.

Je l’aidai à se baisser. Son pied gauche pendait lamentablement de sa cheville brisée et chaque fois qu’il touchait le sol mon père sursautait de douleur. Je m’assis près de lui sur les feuilles brunes qui recouvraient le sol du bois. La sueur ruisselait sur son visage.

« Est-ce que ça fait vraiment très mal, papa ?

— Oui, quand je sautille, dit-il. A chaque bond, j’en vois trente-six chandelles. »

Il se reposa plusieurs minutes, assis à même le sol.

« Essayons une nouvelle fois », dit-il.

Je l’aidai à se relever et nous recommençâmes à avancer. Cette fois-ci, je glissai un de mes bras autour de sa taille pour le soutenir plus efficacement. Il passa son bras droit autour de mes épaules et s’appuya sur moi de presque tout son poids. C’était mieux comme ça. Mais qu’est-ce qu’il pouvait être lourd ! Mes jambes pliaient et fléchissaient à chaque bond.

 

 

Hop…

Hop…

Hop…

« Continue, dit-il d’une voix haletante. Du courage, nous y arriverons.

— Voilà la haie, dis-je en braquant ma lampe dessus. Nous y sommes presque. »

Hop…

Hop…

Hop…

À l’instant où nous atteignîmes la haie, mes jambes se dérobèrent sous moi et nous nous étalâmes sur le sol.

« Je suis désolé, dis-je.

— C’est sans importance. Peux-tu me donner un coup de main pour traverser la haie ? »

Je serais incapable de dire comment lui et moi parvînmes à passer à travers cette haie. Il rampa un peu, je le tirai un peu et, petit à petit, nous nous faufilâmes de l’autre côté pour nous retrouver sur le chemin de terre à une dizaine de mètres à peine de la petite voiture.

Nous nous assîmes sur l’herbe du talus pour reprendre notre souffle. Selon la montre de mon père, il était près de quatre heures du matin. Le soleil ne se lèverait que deux heures plus tard, nous avions donc beaucoup de temps devant nous.

« Tu veux que je conduise ? demandai-je.

— Il faudra bien, dit-il. Je n’ai qu’un seul pied. »

Je l’aidai à gagner la voiture à cloche-pied et, après bien des efforts, il parvint à se glisser à l’intérieur. Sa jambe gauche était repliée sous la droite, ce qui devait le faire souffrir atrocement. Je m’installai à ses côtés, sur le siège du conducteur.

« La corde ! m’exclamai-je soudain. Nous l’avons oubliée là-bas.

— Laisse tomber, dit-il. Ça n’a aucune espèce d’importance. »

Je mis le moteur en marche et allumai mes lanternes. Je passai en marche arrière, fis demi-tour et, quelques instants après, nous descendions la colline sur le chemin cahoteux.

« Avance lentement, Danny, dit mon père. Ça fait un mal de chien quand on passe sur une bosse. »

Il avait posé une main sur le volant et m’aidait à diriger la voiture.

Nous atteignîmes le bas du chemin et tournâmes sur la route.

« Tu te débrouilles bien, dit-il. Continue comme ça. »

Comme nous étions sur la route, je passai en seconde.

« Accélère un peu et passe en troisième, dit-il. Veux-tu que je t’aide ?

— Je crois que je m’en sortirai tout seul. »

Je passai en troisième.

La main de mon père posée sur le volant, je n’avais plus peur de me jeter contre une haie ou autre chose et j’appuyai sur l’accélérateur. L’aiguille du compteur grimpa à soixante-cinq.

Un gros véhicule aux phares éblouissants se précipita soudain dans notre direction.

« Lâche le volant, je vais le prendre », dit mon père.

Il maintint la petite voiture bien à gauche de la chaussée tandis qu’un gros camion de ramassage laitier nous croisait. Ce fut le seul véhicule que nous rencontrâmes sur le chemin du retour.

Alors que nous approchions de la station, mon père me dit :

« Il va falloir que j’aille à l’hôpital pour qu’on réduise la fracture et qu’on me plâtre la cheville.

— Combien de temps resteras-tu à l’hôpital ?

— Ne t’en fais pas, je serai de retour avant ce soir.

— Et tu pourras marcher ?

— Oui. Ils posent un petit bout de métal qui dépasse du plâtre sous le pied et qui permet de marcher.

— Tu ne crois pas que nous devrions aller à l’hôpital directement ?

— Non, dit-il. Je vais m’étendre sur le sol de l’atelier et attendre une heure normale pour appeler le docteur Spencer. Il s’occupera de tout.

— Appelle-le tout de suite, dis-je.

— Non. Je n’aime pas tirer les docteurs du lit à quatre heures du matin. Nous l’appellerons à sept heures.

— Comment vas-tu lui expliquer ce qui t’est arrivé, papa ?

— Je lui dirai la vérité, dit mon père. Le docteur Spencer est un ami. »

Nous arrivâmes à la station-service et je garai la voiture tout contre les portes de l’atelier. J’aidai ensuite mon père à descendre de voiture, puis, un bras autour de sa taille, je l’aidai à pénétrer dans l’atelier.

Une fois à l’intérieur, il s’appuya contre l’établi et me donna le reste de ses instructions.

Je commençai par étaler quelques feuilles de journal sur le sol graisseux, puis je courus chercher deux couvertures et un oreiller dans la roulotte. Je jetai l’une des couvertures sur le papier dont j’avais recouvert le sol. J’aidai mon père à s’étendre dessus, puis je lui mis un oreiller sous la tête et le couvris avec la seconde couverture.

« Pose le téléphone sur le sol à ma portée », dit-il.

Je fis ce qu’il demandait. « Puis-je faire autre chose pour toi, papa ? Est-ce que tu veux une boisson chaude ?

— Non, merci, dit-il. Je ne dois rien absorber. Je vais bientôt subir une anesthésie et avant il ne faut ni manger ni boire. Mais, prends quelque chose, toi. Va te préparer un petit déjeuner et puis ensuite couche-toi.

— J’aimerais attendre l’arrivée du docteur près de toi, dis-je.

— Tu dois être fatigué, Danny.

— Je suis en pleine forme », affirmai-je. Ayant déniché une vieille chaise en bois, je la portai près de lui et m’assis dessus. Il ferma les yeux et parut s’assoupir. Mes yeux se fermaient aussi. Je ne parvenais pas à les garder ouverts.

 

 

« Je suis désolé que tout ait si mal tourné », l’entendis-je dire. Je dus m’endormir juste après, car la phrase suivante que j’entendis fut prononcée par le docteur Spencer, qui disait à mon père :

« Bonté divine, William, que t’est-il arrivé ? » J’ouvris les yeux et aperçus le docteur penché sur mon père, toujours étendu sur le sol de l’atelier.

Danny, champion du monde
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